ÊTRE

(Traducción al ESPAÑOL en SER)
Publié dans Los inquilinos de "EL ALEPH";
Madrid, Ed. Clara Obligado, 2011.
                                                           

A J.L. Borges et son ALEPH




        Je suis une ombre avec des ailes sur la plage d'Audresselles. Je suis un scarabée tombé sur le dos, une boucle de temps et l'échelle la plus haute. Je suis la terre que labourent les hommes; je suis des défis, des montres, des grottes, de la rage, de la lumière. Je suis une cigarette éteinte et mise dans un tombeau, une trace androgyne dans deux femmes dont les prénoms commencent par P. Je suis la volonté du maintenant, ma voiture en mouvement reflétée dans une vitrine rouge, une fléchette lancée vers un livre dont les pages sont en blanc. Je suis une salamandre qui demain courra sous la pluie et le cristal le plus minuscule de la fleur de sel. Je suis des lichens, du sperme, de la douleur dans la chair, du vertige des océans, des yeux dans l'obscurité. Je suis une poupée de son en caoutchouc à laquelle je presse la tête dans la rue Conde Duque et une étudiante de Les mille et une nuits. Je suis la peur entre les jambes, les facettes d'un diamant qui reflète les visages étonnants de la vérité, la mienne, la tienne, celle des bédouins qui,dans le Grand Erg Oriental croient tout savoir. Je suis l'amour à mes morts et une mère dans une salle d'accouchement, bien que je n'aie jamais été là. Je suis une coupe où tombe la Flamme violette, la même qui traverse des jardiniers à Wadalpur, des choffeurs de taxi en Arizona, des monstres dans mes cauchemars. Je suis une ligne droite perplexe devant le labyrinthe. Je suis celle qu'on attend et celle que non; celle des dix-neufs jours à jeun, de l'argon bleu et vert, la robe d'une sirène abandonnée dans une plage. Je suis le silence et l'écho d'un cri qui rebondi dans le sommet du Huayna Picchu, les falaises de Mohair et les versants du Sinaï. Je suis la rosée, des hexagones, des salades, le noyau de la cellule, une mini-jupe, la soif. Je suis Noun, Vav, Yod, le neuf, le quatre-vingt-neuf, le neuf-cent. Je suis María à chaque fois que mon bien-aimé me nomme. Je suis l'Aleph.





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